Source : Le journal de Montréal

14 juillet 2024
Photo: Journal de Montréal
À quand une vraie reconnaissance du travail qui se fait dans les organismes communautaires par votre gouvernement, M. Legault? Pourquoi cette indifférence et ce mépris?

Les 3 000 organismes communautaires en Santé et Services sociaux (PSOC) de la province recevront cette année un maigre 10 millions de dollars en rehaussement du financement à la mission. Séparé à parts égales, ce qui ne sera pas le cas, ça représente seulement un petit 3 333 $ par année d’augmentation !

Uniquement du côté des 32 Auberges du cœur du Québec, le manque à gagner atteint plus de 28 millions de dollars annuellement. Imaginez ce qu’elles feraient avec 3 333 $ ! C’est loin d’être suffisant pour rehausser le salaire d’un intervenant de manière décente ou même pour payer une réparation mineure sur leurs bâtiments.

Hébergement

Pourtant, les Auberges du cœur sont partie prenante des solutions possibles pour contrer l’itinérance à court, moyen et long terme ! La clé de bien des maux actuels et futurs est la prévention, et malheureusement, nous ne semblons pas faire partie du projet global de notre société. Notre gouvernement préfère mettre des « plasters » sur les bobos plutôt que de travailler en amont pour les prévenir et les guérir.

Nos membres constatent une grande augmentation du nombre de demandes d’hébergement, mais à leurs grands désespoirs, ils doivent refuser des jeunes dans le besoin. Pourquoi ? Par faute d’un financement à la mission adéquat ! La directrice d’une Auberge du cœur me disait cette semaine qu’elle doit malheureusement fermer 5 lits.

Il ne reste que 2 intervenantes de suivi sur 4, un ayant quitté pour de meilleures conditions de travail et l’autre étant en arrêt de maladie à la suite d’un trauma après une surdose d’un résident dans une chambre. « Le pire, c’est que nous n’avons jamais eu autant de demandes d’hébergement, ça me brise le cœur! », me disait-elle.

Reconnaissance demandée

Monsieur Legault, épaulé de vos collègues Christian Dubé et Lionel Carmant, vous avez négocié avec les travailleurs de la santé et convenu à de meilleures conditions. À quand la même reconnaissance pour nos travailleurs qui ont les mêmes formations et effectuent un travail semblable ? Lorsqu’on se fait répondre par un fonctionnaire que nos demandes sont exagérées, qu’il ne paye pas pour un poste de coordination ou de concierge, ce n’est pas surprenant de voir du personnel changer d’emploi et quitter notre milieu. Or, tous ces intervenants ont un rôle clé à jouer dans nos Auberges pour faire de l’accompagnement aux jeunes LA priorité de nos équipes.

Est-ce qu’il n’y a que chez nous qu’une intervenante doit déboucher une toilette et gérer une crise en même temps ? Si un intervenant doit refaire un joint de silicone à la fenêtre, il n’est pas sur le plancher à accompagner des jeunes !!

On veut bien prendre soin des jeunes plus vulnérables, c’est notre mission et nous l’avons à cœur, mais donnez-nous les moyens pour y parvenir! Imaginez si demain nous étions toutes fermées, si les 32 Auberges du cœur québécoises ne pouvaient plus s’occuper du moindre jeune en difficulté, à quel coût devriez-vous effectuer le travail à notre place ? Montrez-nous que, ces jeunes-là, ils font aussi partie de vos priorités !

 

Graphique du taux de chômage selon l'âge
CRÉDIT PHOTO : SACHA BOURQUE.