Après avoir été testée dans plusieurs arrondissements de la ville de Montréal, l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS) sera déployée sur l’ensemble du territoire de la métropole en 2025. Elle épaulera les commerçants et les citoyens lors d’enjeux de cohabitation avec des personnes vulnérables. Une annonce accueillie froidement par l’organisme communautaire RAP Jeunesse.
« La réponse ne peut pas juste être la répression. Il faut vraiment miser sur la prévention »
– Valérie Plante, lors d’un point de presse, mardi.
Pour elle, face à l’augmentation du nombre de personnes en situation d’itinérance, à la crise des surdoses, à la multiplication des enjeux de santé mentale, l’une des clés pour permettre une meilleure cohabitation avec les autres citoyens tient en un acronyme : ÉMMIS.
L’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS) a d’abord été testée dans l’arrondissement de Ville-Marie, en 2021, avant d’être étendue à trois autres. Elle est constituée d’intervenants qui patrouillent dans les rues, à pied ou en voiture, et qui interviennent pour désamorcer des situations de crise dans l’espace public, en appui aux policiers et aux organismes communautaires.
En 2023, plus de 15 000 interventions ont ainsi été réalisées dans les 4 arrondissements où l’ÉMMIS est actuellement présente, indique la Ville. Depuis l’hiver 2024, elle œuvre aussi dans le métro de Montréal, où elle est intervenue plus de 1000 fois.
Convaincue du succès de l’initiative, la mairesse a annoncé que la Ville allait l’étendre à l’ensemble du territoire de la métropole, graduellement, en 2025. L’équipe, qui compte actuellement 52 intervenants, augmentera ses effectifs pour atteindre 90 personnes.
La population et les commerçants pourront également contacter le 211 dès 2025 pour demander une intervention devant une situation problématique, où ils seront redirigés vers l’ÉMMIS. En cas d’urgence, en revanche, le 911 reste le numéro à contacter.
Une « solution parmi d’autres »
« L’ÉMMIS peut aussi nous permettre de collecter des informations sur le terrain et de les ramener vers les paliers gouvernementaux supérieurs », explique la mairesse.
La mairesse Valérie Plante a cependant insisté sur le fait qu’ÉMMIS n’était qu’une solution parmi d’autres pour tenter d’améliorer la cohabitation entre les personnes vulnérables et les autres citoyens.
« Est-ce qu’on doit en faire plus ? Oui ! Et qu’est-ce qu’il faut ? Des logements ! », a-t-elle lancé.
Cet élargissement de l’offre de l’ÉMMIS est rendu possible grâce à des ententes établies avec plusieurs organismes, comme la Société de développement social (SDS) et Équijustice. « Ce n’est pas une baguette magique, mais cela peut vraiment faire une différence en diminuant les tensions dans l’espace public », croit Vincent Morel, directeur de l’ÉMMIS pour la SDS.
Une annonce accueillie froidement
René Obregon-Ida, directeur de l’organisme RAP Jeunesse, a déploré en entrevue avec La Presse le manque de communication au sujet de la répartition du travail entre l’ÉMMIS et les organismes communautaires dans les nouveaux arrondissements où elle sera déployée, alors que la Ville affirme travailler « en collaboration » avec eux pour « améliorer et adapter les services offerts dans l’ensemble des arrondissements ».
« On n’a eu aucune rencontre à ce sujet », soupire-t-il. « L’ÉMMIS est censée rediriger les gens vers des ressources, mais est-ce qu’elle les connaît seulement ? »
Ce déploiement de l’ÉMMIS découle d’un financement de 50 millions de dollars, provenant de la Ville de Montréal et du ministère de la Sécurité publique du gouvernement provincial, jusqu’en 2028.
« La Ville aurait pu utiliser cet argent pour consolider ce qui est déjà en place »
– René Obregon-Ida
De son côté, Benoit Langevin, porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’itinérance, a déploré le long délai de déploiement du projet. Il a également dénoncé le faible nombre d’intervenants et l’absence d’entente avec un organisme pour assurer le service de l’ÉMMIS dans trois arrondissements — ce qui rend son efficacité « questionnable », dit-il.
« En fin de compte, ce sont encore une fois les personnes les plus vulnérables qui paieront pour la mauvaise gestion de Projet Montréal », a-t-il commenté, par voie de communiqué.
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