Source : ROCAJQ
Le ROCAJQ est en train de réaliser une analyse détaillée du nouveau Plan jeunesse 2025–2030. Dès les premières lectures, plusieurs éléments retiennent notre attention.
Des avancées positives à souligner
Il faut reconnaître que le Secrétariat à la jeunesse (SAJ) a ajusté certaines priorités pour mieux répondre aux besoins des jeunes. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la santé mentale, qui occupe désormais une place plus importante dans le Plan — un reflet fidèle des réalités vécues par les jeunes fréquentant les organismes jeunesse. Cette thématique est au cœur des préoccupations des membres du ROCAJQ et constitue une priorité forte dans notre cahier de revendications.
Un sondage interne révèle d’ailleurs que 97 % des organismes membres ont observé une hausse des demandes liées à la santé mentale chez les jeunes. La réussite éducative apparaît également comme un axe de travail important dans le nouveau Plan, ce que nous saluons.
Le Plan reconnaît aussi que chaque jeune est différent. Cela peut sembler simple, mais c’est un élément fondamental qui devrait orienter les approches choisies pour améliorer les conditions de vie des jeunes. Lorsque le gouvernement reconnaît la diversité des réalités, le pas suivant devrait être de travailler à une combinaison d’approches, capables de répondre adéquatement aux besoins d’une population aussi diversifiée. Sur ce point, le Plan semble vouloir mettre en valeur les jeunes en situation de vulnérabilité, ce que nous saluons.
Autre point positif : lors du lancement, le ministre responsable de la jeunesse, Mathieu Lacombe, a précisé que le Plan n’est pas figé et que le SAJ mettra en place des chantiers structurants et collaboratifs. Cette approche flexible, fondée sur l’écoute et l’adaptation, va dans la bonne direction.
… mais une réalité plus difficile à ignorer
Cependant, malgré ces intentions louables, la réalité des jeunes en 2025 est plus difficile qu’en 2021, au moment du lancement du Plan précédent. Certaines données tirées du nouveau Plan le confirment :
- Selon l’Institut de la statistique du Québec, 41 % des élèves du secondaire présentent un niveau élevé de détresse psychologique, soit une hausse de 21 % depuis 2010.
- Le taux de chômage des jeunes reste environ trois fois plus élevé que celui des autres groupes d’âge.
- Les jeunes en situation de vulnérabilité font toujours face à de nombreux obstacles à l’insertion et au maintien en emploi.
Face à cette situation, le ROCAJQ estime que le soutien gouvernemental devrait être renforcé. Or, les chiffres du financement ne vont pas dans ce sens :
- En 2021, le Plan jeunesse prévoyait 300 M$ sur trois ans, pour rejoindre 500 000 jeunes.
- En 2025, l’annonce est de 510 M$ sur cinq ans, pour rejoindre environ 600 000 jeunes par année.
En apparence, il s’agit d’une augmentation. Mais le budget moyen annuel reste presque identique, alors que les besoins augmentent. En 2021, on visait 500 000 jeunes ; en 2025, on en vise 600 000 — soit 100 000 jeunes de plus avec pratiquement les mêmes ressources. Cela revient à partager une tarte déjà petite entre encore plus de convives, ce qui risque de limiter l’impact réel sur le terrain.
Plus de transparence
Le ROCAJQ soulève également un enjeu de transparence. Il est difficile de savoir combien des 300 M$ annoncés en 2021 ont été réellement dépensés, et comment ces fonds ont été alloués. Certains choix de financement posent question, notamment du point de vue des organismes communautaires.
Le secteur communautaire repose sur la proximité, la prévention et l’accompagnement individualisé. Les organismes jeunesse agissent par et pour leur communauté. Cependant, même si plusieurs initiatives communautaires sont soutenues, d’autres types d’organisations le sont également. Il serait judicieux d’obtenir une ventilation claire des montants attribués par type de projet, ainsi que des résultats obtenus. Il ne s’agit pas ici de revendiquer que tout le financement soit attribué au secteur communautaire, mais bien de souligner que la logique des choix effectués demeure floue.
Le ROCAJQ attend avec impatience la publication de l’évaluation du Plan 2021–2024 et prévoit de demander une rencontre avec le SAJ pour obtenir davantage de clarté sur certains aspects du nouveau Plan.
Coupures en éducation : un signal préoccupant
Enfin, il est difficile d’ignorer une nouvelle inquiétante : quelques jours seulement après le lancement du Plan jeunesse, le gouvernement Legault a demandé aux directions d’école de réduire leurs dépenses de 570 M$.
Cette décision met en péril des services essentiels pour les élèves les plus vulnérables. Le ROCAJQ exprime une vive préoccupation face à ces choix budgétaires et au manque de cohérence du gouvernement. Il est difficile de croire que ces compressions n’auront aucun impact sur la mise en œuvre du Plan jeunesse 2025–2030, notamment parce que les coupures se font déjà sentir dans les organismes communautaires ayant des ententes avec les écoles. De plus, ce plan repose sur la contribution de plusieurs ministères, dont celui de l’Éducation, pour atteindre le montant total de 510 M$ annoncé.
En résumé
Le ROCAJQ reconnaît les avancées du Plan jeunesse 2025–2030, notamment en matière de santé mentale, de participation des jeunes et de souplesse dans la mise en œuvre.
Cependant, le Regroupement :
- dénonce le manque de clarté budgétaire ;
- questionne la suffisance des ressources face à l’ampleur des besoins ;
- et exprime de sérieuses inquiétudes quant aux décisions gouvernementales récentes, notamment dans le secteur de l’éducation.
Le ROCAJQ poursuit l’analyse complète dans les prochaines semaines.
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