Source : ROCAJQ

20 mars 2025
Table ronde lors du 8e Forum jeunesse de Y4Y Québec

ROCAJQ

Dans un contexte politique particulier, où la démocratie est de plus en plus mise à l’épreuve, le 8e Forum jeunesse de Y4Y Québec a choisi d’aborder l’éléphant dans la pièce. Identité, démocratie et communications ont été au cœur des discussions lors de l’événement, qui s’est tenu à l’UQAM, à Montréal, le 19 mars.

« On a non seulement informé les jeunes, qui sont notre public cible, qu’il y a d’autres jeunes qui s’engagent en politique et dans la vie démocratique du Québec, mais aussi montré à la population en général que les jeunes sont bel et bien impliqués », explique la directrice générale de l’organisme, Adrienne Winrow.

Pour lancer la journée, Alexandre Pettem, directeur de la politique de Y4Y Québec, a présenté le phénomène de « l’outmigration », soit la tendance de jeunes anglophones à envisager de quitter la province. « 29 % des jeunes de 18 à 24 ans songent à quitter le Québec dans les cinq prochaines années. Selon les données dont nous disposons, les raisons principales sont la recherche de meilleures opportunités d’emploi et d’éducation », précise Pettem. Pour répondre à ce défi, l’organisme croit qu’une bonne maîtrise du français et ainsi que de l’anglais pourrait offrir davantage d’opportunités aux jeunes.

La difficulté de l’intégration pour les jeunes anglophones

Par la suite, trois tables rondes ont été organisées, chacune abordant l’un des grands thèmes du Forum. Sur la question de la démocratie, l’accent a été mis sur l’engagement politique des jeunes et leur capacité à avoir un impact concret. Une des participantes, Frishta Hussainyar, a suggéré que les jeunes commencent par s’impliquer à l’échelle municipale. « Il y a un écart entre ce qu’on veut faire et ce qu’on peut réellement faire. Mon conseil est de s’engager d’abord dans sa communauté, là où il est possible de voir des résultats plus directs », souligne-t-elle.

Lors du panel sur l’identité, la discussion a porté principalement sur l’intégration des jeunes anglophones dans une province majoritairement francophone. Des jeunes vivant en région ont été invités à témoigner des défis supplémentaires qu’ils rencontrent, notamment la difficulté de se faire des amis dans des milieux où peu de gens parlent anglais. D’autres ont souligné les obstacles sur le marché du travail : une participante a raconté qu’elle répondait à tous les critères pour un poste… sauf la maîtrise du français, ce qui a causé son rejet en entrevue.

Si l’apprentissage du français peut représenter un véritable défi pour la jeunesse anglophone, il reste toutefois une porte d’entrée essentielle comme vecteur d’inclusion sociale, professionnelle et citoyenne.

La journée s’est terminée par une table ronde sur les communications, centrée notamment sur les réseaux sociaux et les fausses nouvelles. Malgré les inquiétudes soulevées, plusieurs jeunes ont exprimé qu’ils ne voyaient pas cela comme un défi insurmontable, ayant grandi dans un environnement numérique où ils ont développé une certaine capacité à distinguer le vrai du faux. Cela dit, tous ont reconnu que la désinformation représente un enjeu global menaçant pour la démocratie.

Offrir aux jeunes un espace sûr pour s’exprimer librement

Les trois thématiques abordées ont été choisies par les jeunes membres des comités de Y4Y Québec. « Ces sujets sont ressortis des consultations menées auprès des jeunes anglophones, ce sont des enjeux qui les préoccupent réellement », explique Adrienne Winrow.

Au fil des discussions, il est apparu clairement que ces thématiques étaient interreliées. Plusieurs remarques formulées dans une table ronde sont revenues dans les autres, démontrant la complexité et l’imbrication des enjeux. « Discuter, échanger et s’informer sont des bases essentielles pour la transformation sociale. C’est pourquoi il est vraiment important que des organismes communautaires, comme Y4Y, offrent aux jeunes un espace pour s’exprimer de manière sécuritaire et sans jugement. C’est dans ce type d’espace que les leaders de demain font leurs premiers pas », souligne Fernando Rotta, analyste politique du ROCAJQ, qui a assisté à l’ensemble de l’événement.

Y4Y Québec est un organisme membre du ROCAJQ, engagé à répondre aux enjeux auxquels font face les jeunes d’expression anglaise (âgés de 16 à 30 ans) à travers le Québec. Tous les projets et initiatives de Y4Y adoptent une approche communautaire axée sur les jeunes et menée par les jeunes, afin de favoriser le développement communautaire et la vitalité culturelle.