Source : ROCAJQ

13 Décembre 2024
Assemblée nationale du Québec
Assemblée Nationale du Québec

franckreporter

Une motion demandant au gouvernement de cesser tout financement public des organismes qui « encouragent des formes d’exploitation sexuelle des mineurs » a été adoptée lors de la dernière semaine de travaux à l’Assemblée nationale, le 4 décembre. La demande paraît simple et véritablement souhaitable. Cependant, elle cible en réalité l’approche de réduction des méfaits, mise en pratique notamment par les organismes communautaires qui accompagnent des jeunes échangeant, ou susceptibles d’échanger, des services sexuels. Ces organismes, ainsi que le ROCAJQ, sont fermement opposés à l’exploitation sexuelle. 

Voici la lettre du ROCAJQ

Le ROCAJQ dénonce l’attaque dirigée contre les organismes communautaires jeunesse qui accompagnent les jeunes échangeant des services sexuels. De manière inattendue, une motion présentée par le Parti Québécois, demandant au gouvernement de cesser tout financement public d’organismes qui « encouragent des formes d’exploitation sexuelle des mineurs », a été adoptée lors de la dernière semaine de travaux à l’Assemblée nationale. 

D’apparence pleine de vertus, cette motion met en péril le financement des groupes qui travaillent à rejoindre des jeunes concernés par les échanges de services sexuels et œuvrent à réduire les risques liés à leurs pratiques. Elle dissimule un jugement moral sur la mission de tous les organismes communautaires jeunesse utilisant l’approche de réduction des méfaits qui réussissent pourtant à rejoindre des jeunes éloignés des réseaux classiques de soutien. Cette motion tente, par manque de connaissance ou intentionnellement, de mélanger deux aspects complètement différents : d’une part, une approche d’accompagnement dont l’efficacité est appuyée par la recherche et, d’autre part, une supposée défense de l’exploitation sexuelle. C’est jouer avec la réalité de plusieurs jeunes en situation de vulnérabilité, ainsi que la détresse de personnes déjà hautement stigmatisées et marginalisées. 

Il est essentiel de clarifier : 

  • Les organismes communautaires sont opposés à l’exploitation sexuelle. 
  • Ils défendent une approche de réduction des méfaits. Cette approche essentielle au maintien du lien avec les personnes permet de tisser des liens de confiance en laissant de côté les jugements afin de prioriser leur soutien et de les aider à réduire les risques auxquels ils sont exposés. 
  • Diminuer ou mettre fin au financement des groupes venant en aide notamment, mais non exclusivement, aux personnes échangeant ou étant susceptibles d’échanger des services sexuels équivaut à réduire l’accès aux services pour les jeunes.  

Le ROCAJQ souhaite également souligner que la manière dont cette motion a été traitée et votée à l’Assemblée nationale est préoccupante. La motion a été présentée lors de la dernière semaine de travail de 2024 devant 100 députés.  Elle n’a suscité aucune question, pour dire le minimum, c’est étonnant. Les élus ont approuvé cette motion à l’unanimité (une abstention) en moins de 2 minutes, juste après sa présentation. Elle contrevient pourtant à la Politique gouvernementale d’action communautaire qui protège les organismes communautaires autonomes de l’ingérence politique.   

Face à tout cela, le ROCAJQ s’associe à la TRPOCB et exige des excuses de la part de tous les partis et demande la révocation de la motion adoptée. 

Consultez ici, les autres réactions à la motion :