Lors de la récente Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, plus d’une cinquantaine de personnes du milieu communautaire se sont rassemblées pour dénoncer le 4e plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, jugé inadéquat par les participants et les organisateurs.
Le comité organisateur qualifie ce plan d’échec, soulignant qu’il ne permet pas de sortir les citoyens de la pauvreté de manière durable. Lors de l’événement, trois revendications principales ont été présentées :
• Augmenter les gains d’emploi des prestataires de l’aide de dernier recours
• Mettre en place un revenu de base garanti décent pour tous
• Augmenter le nombre de paliers d’imposition afin d’assurer une meilleure redistribution de la richesse
Les participants ont été invités à signer un billet de style Monopoly, symbolisant l’absence de valeur réelle des mesures actuelles du plan. Le comité organisateur avait effectué deux autres présentations de leurs revendications au courant de la semaine précédant le rassemblement du 17 octobre. Au total, 233 billets ont été remis à Eric Lefebvre, député provincial d’Arthabaska, lui demandant de les transmettre au gouvernement. Ce dernier s’est engagé à les apporter à Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire.
Vanessa Gamboa Gonzalez, agente aux luttes sociales à l’AGÉPA CQ, a expliqué que « ce 4e plan est un plan sans ambition, avec quatre fois moins d’investissements que les précédents. Il n’offre que des mesurettes temporaires qui ne sont pas structurantes et se contentent de gérer la pauvreté au lieu de l’éradiquer ».
Joël Poliquin du Regroupement des Sans-Emploi de Victoriaville a précisé que « si la sortie de la pauvreté passe par l’emploi comme l’affirme la ministre, Madame Rouleau, il est crucial de reconnaître que la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles permet actuellement à un prestataire d’aide sociale seul de gagner jusqu’à 200 $ par mois sans que ce revenu soit déduit de ses prestations. Or, cette disposition n’a pas été révisée depuis plus de 25 ans. Madame la ministre propose maintenant qu’un prestataire puisse conserver 10% de plus des revenus de travail qui excèdent le montant de l’exclusion de 200 $, ce qui semble complètement déconnecté de la réalité économique actuelle ».
Quant à Marie-Eve Desnoyers, coordonnatrice à l’ACEF des Bois-Francs, celle-ci a plaidé pour un revenu de base garanti et pour l’augmentation du nombre de paliers d’imposition. « Ces deux mesures permettraient d’atteindre une meilleure distribution de la richesse, tout en sauvant beaucoup d’argent grâce à la simplification de la gestion de ces mesures et la diminution des diverses problématiques engendrées par la pauvreté. » Elle a rappelé au gouvernement qu’une société plus juste est une société plus riche.
Face aux insuffisances des actions gouvernementales, le milieu communautaire de la région du Centre-du-Québec reste déterminé à poursuivre ses efforts pour exiger un véritable changement et une réelle réduction de la pauvreté.
Rappel Loi 112 – Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale
Il y a près de 20 ans, à la suite d’une mobilisation sociale, citoyenne et politique historique, le Québec s’est doté d’une loi-cadre pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
La Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale a pour mandat fondamental « la réalisation d’actions pour combattre la pauvreté, en prévenir les causes, en atténuer les effets sur les individus et les familles, contrer l’exclusion sociale et tendre vers un Québec sans pauvreté ».
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