Source : Radio-Canada

17 septembre 2024
Le ministre responsable des Services sociaux du Québec, Lionel Carmant (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Québec allonge 4,2 millions de dollars pour permettre à des itinérants montréalais de se trouver un logement. Le ministre responsable des Services sociaux du Québec, Lionel Carmant, en a fait l’annonce lundi matin à l’organisme Le Chaînon, qui profitera d’une partie du financement.

La mesure vise principalement à loger des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

On vise à aider les personnes au profil plus complexe, qui ont des enjeux de santé mentale, à bénéficier d’un traitement adapté à leur situation afin de leur donner les plus grandes chances possibles de sortir de la rue pour de bon, a développé le ministre.

En plus d’avoir plus de lits à leur disposition, les personnes visées pourront profiter du suivi d’un psychiatre et d’une équipe multidisciplinaire pendant 8 à 12 semaines.

Une fois l’état de ces personnes stabilisé, elles pourront profiter de services d’accompagnement pour se trouver un logement permanent.

Selon un rapport du gouvernement datant de 2022 (Nouvelle fenêtre), près de 60 % des personnes en situation d’itinérance à Montréal souffrent de problèmes de santé mentale.

 

Une méthode qui fait ses preuves

Le financement annoncé permettra notamment de continuer à déployer l’initiative des Projets de réaffiliation en itinérance et en santé mentale (PRISM).

Cette dernière vise à offrir des soins aux personnes itinérantes qui souffrent de maladies mentales graves, principalement celles qui souffrent de troubles psychotiques, tels que la schizophrénie ou le trouble schizo-affectif, et de troubles amplifiés par l’utilisation de substances.

Lison Gagné, psychiatre au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et impliquée dans l’initiative, précise les services qui y sont offerts. Ce n’est pas une clinique de santé mentale dans un refuge. La priorité n’est pas aux soins et aux traitements psychiatriques. La priorité et l’objectif, c’est la sortie de la rue.

Les participants à ce programme peuvent ainsi profiter de services à divers égards, comme être aidé pour obtenir des documents d’identité ou des revenus de base, ou encore pour naviguer des processus judiciaires ou d’immigration.

Aussi, les personnes qui participent au PRISM n’ont pas à attendre en ligne pour accéder aux dortoirs ou aux salles communes des refuges qui les hébergent.

Une autre distinction à faire est de différencier les soins offerts au PRISM de ceux offerts à l’hôpital, selon Vincent Laliberté, psychiatre au CIUSSS Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Selon lui, les soins de proximité offerts dans le centre ne sont pas coercitifs et ils permettent d’établir un meilleur lien de confiance entre les intervenants et leur clientèle. Il précise, de surcroît, que les coûts pour la société sont une fraction de ceux pour une hospitalisation en psychiatrie.

De 8 à 16 personnes à la fois peuvent profiter des équipes PRISM. Selon une étude fournie par le gouvernement, de 63 % à 81 % des personnes sont encore en logement un an après leur sortie du programme.

Le lieu de l’annonce n’a pas été choisi au hasard : les sommes annoncées permettront au Chaînon, un refuge réservé aux femmes, d’être le quatrième organisme à profiter d’une équipe PRISM.

Des équipes du genre sont déjà en place à la Mission Bon Accueil, à la Mission Old Brewery et à son refuge réservé aux femmes, le Pavillon Patricia Mackenzie. Ces trois organismes pourront aussi profiter de financement supplémentaire.

Sortir les gens des refuges

« Ce n’est pas de plus de refuges qu’on a besoin, c’est de sortir les gens qui sont là depuis parfois 18 à 24 mois et de les amener vers l’hébergement. »

Une citation deLionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux du Québec

Une autre partie des fonds ira à l’organisme Diogène, qui permet actuellement à 50 personnes composant avec des problèmes de santé mentale de trouver des logements. Diogène pourra maintenant doubler cette capacité et trouver des logements pour 100 personnes chaque année.

La Mission Bon Accueil pourra de son côté offrir le même service à une centaine de personnes qui ne sont pas admissibles au programme PRISM.

Le gouvernement provincial déboursera 15 000 $ par personne logée à travers ce programme pour couvrir les frais de loyer et l’achat de quelques meubles. Les locateurs identifiés par ces organismes sont pour la plupart issus du milieu privé, selon le ministre.

Cette initiative pourrait faire des petits dans d’autres villes de la province, si l’on se fie aux propos de Lionel Carmant. Il laisse entrevoir que l’Abitibi, Québec et d’autres régions de Montréal pourraient prochainement voir arriver ces services, mais que c’est aux organismes de ces communautés de lever la main.